Nerfs crâniens Généralités 2

Il est classique d’aborder les nerfs crâniens en commençant par une étude précise de leurs noyaux d’origine ; comme indiqué en page « Nerfs crâniens Généralités 1« .
Si ce terme est adapté pour les nerfs moteurs il l’est moins pour les nerfs sensitifs puisqu’ils correspondent alors à la terminaison des fibres sensitivo-sensorielles avant le transfert des influx vers le cortex sensitif ; nous garderons cependant cette habitude qui s’avère finalement commode pour décrire le point de départ ou d’arrivée apparent des nerfs crâniens vers ou à partir de la périphérie.

Pour bien se repérer dans les noyaux et les nerfs sur les deux figures, sont indiquées en : rouge les noyaux et fibres motricesen bleu les noyaux et fibres sensitives ou sensorielles (organes des sens)en vert les fibres destinées au système nerveux autonome dit végétatif (motrices et sensitives)es.

La FIG. A donne les points de sortie des nerfs crâniens du tronc cérébral dans une vue de face et antérieure ; on voit de plus le trajet partiel du nerf optique gauche (II) et celui du nerf olfactif gauche (I) s’étalant tous les deux à la face inférieure du lobe frontal gauche.

La FIG.B donne la situation des noyaux et la sortie approximative des nerfs correspondants ; en effet il s’agit d’une vue postérieure ; le schéma B est un peu agrandi par rapport au A selon les deux lignes pointillées obliques.

Deux nerfs méritent en effet une mention particulière : le I ou nerf olfactif et le II ou nerf optique ; ces deux nerfs sont représentés sur la FIG.A correspondant à un hémisphère (ici le gauche) vu par sa face inférieure et au tronc cérébral vu par sa face antérieure les deux structures étant articulées par un angle toujours supérieur à 90° ; ces deux nerfs, I et II ne se terminent pas par un noyau spécifique mais par des structures plus complexes (voir ci dessous et pages vision et olfaction).

Le nerf olfactif (I) nait en effet de récepteurs olfactifs situés à la partie supérieure des fosses nasales (voir page olfaction) et le nerf proprement dit est fait des multiples fibres nerveuses qui traversent la lame criblée de l’ethmoïde (voir structures osseuses) pour se terminer dans une formation ovoïde le bulbe olfactif (bo) qui se trouve au contact de la face inférieure du lobe frontal (LF) tout près de son bord médian ; les fibres sensorielles y font relais et l’influx se poursuit par le tractus olfactif (to) pour se terminer à la fois dans le lobe temporal , près de sa pointe et dans la commissure antérieure où il se connecte avec les influx venant du côté opposé ; les voies olfactives sont les seules à n’avoir aucun relais dans le thalamus.

Le nerf optique (II) nait de la rétine et conduit les influx sensoriels visuels jusqu’au cortex visuel primaire situé sur le lobe occipital tout à l’arrière de chaque hémisphère ; dans ce trajet il s’unit à son homologue du côté opposé formant le chiasma optique (cho) juste au devant de l’hypophyse (h) ; il se continue avec le tractus optique envisagé avec les pages consacrées à la vision.

Le III (nerf moteur oculaire commun) nait de son noyau moteur (en rouge) situé à la partie postérieure de l’étage des pédoncules cérébraux, près de la ligne médiane, accompagné d’un noyau du système neurovégétatif (en vert) ; sa partie motrice est responsable de l’innervation de 4 des 6 muscles moteurs du globe oculaire et sa partie neurovégétative du muscle ciliaire (qui agit sur l’accommodation) et du sphincter de la pupille ; il sort du tronc cérébral juste au dessus de la protubérance P.

Le IV nerf trochléaire (anciennement nerf pathétique) innerve le muscle grand oblique du globe oculaire le faisant tourner vers le bas et le dehors; son noyau d’origine purement moteur se trouve un peu au dessous du précédent ; sa sortie est originale car c’est la seule à se faire à la face postérieure du tronc cérébral près de la jonction pédoncules cérébraux -protubérance ; puis tournant autour de la base du pédoncule cérébral controlatéral il apparait (IV) un peu en dehors du III. Mais ce croisement postérieur fait que celui vu sur la FIG.A vient en fait du noyau droit.

Le V nerf trijumeau nait d’un immense noyau (noyau du trijumeau (-nt-) présentant une partie renflée à la partie postérieure de la protubérance (noyau principal) et deux formations attenantes, l’une vers le haut et l’autre vers le bas, utilisant la hauteur presque complète du tronc cérébral ; il est essentiellement sensitif pour toute la partie antérieure de la tête ,sinus, dents, maxillaire, mandibule et langue non sensorielle comprise (cad sans le sens du goût). Il est accompagné d’un nerf moteur destiné aux muscles de la mastication ; avant de pénétrer dans la protubérance les ganglions de ses trois composantes sensitives sont groupées pour former une excroissance importante le ganglion trigéminal (ggt).

Le VI nerf moteur externe, uniquement moteur, innerve le seul muscle droit externe du globe oculaire ; il fait tourner l’oeil vers le dehors ; son noyau se trouve à la partie basse de la protubérance près de la ligne médiane ; il sort à la jonction bulboprotubérantielle (cad entre bulbe rachidien (BR) et protubérance (P) près de la ligne médiane).

Le VII nerf facial, nerf mixte, nait pour sa composante motrice en dehors du noyau du VI ; mais ses fibres à l’intérieur du tronc cérébral en font le tour d’arrière en avant et le nerf émerge à la partie latérale de la jonction bulbo-protubérantielle ; il est formé en plus d’une partie sensorielle (en bleu) issu du noyau dit solitaire (ns) qu’il partage avec le IX et le X ; et d’une partie neurovégétative (en vert) issue du noyau salivaire (nsa) supérieur ; sa partie motrice est destinée à la presque totalité des muscles de la face ; sa partie sensorielle à l’innervation de la partie antérieure de la langue et du voile du palais ; sa partie neuro-végétative à 2 des 3 glandes salivaires et aux glandes lacrymales.

Le VIII nerf vestibulo-cochléaire (anciennement auditif) est un nerf purement sensoriel composé de deux nerfs joints (séparés artificiellement sur le schéma) : le nerf cochléaire (pour l’audition) et le nerf vestibulaire (pour l’équilibration) ; ils naissent de noyaux situés à l’angle latéral de la jonction bulboprotubérantielle : le noyau vestibulaire (v) est large et étendu en haut, en bas et latéralement vers le dehors ; les deux noyaux cochléaires (c) se situent de part de d’autre ; le nerf émerge juste au dessous du VII.

Le IX nerf glosso-pharyngien est également mixte, sa partie motrice nait d’un noyau commun avec le X : le noyau ambigu (na) et sa partie sensorielle du noyau solitaire (ns) ; il a également une partie neuro-végétative naissant du noyau salivaire (nsa) inférieur ; sur le plan moteur c’est en partie un nerf moteur du pharynx donc de la déglutition (qu’il partage avec le X) ; sensoriel (goût) pour la partie postérieure de la langue et du voile du palais ; neuro-végétatif pour la sécrétion salivaire de la glande parotide ; il émerge du bord latéral du tiers supérieur du bulbe rachidien (BR).

Le X nerf pneumogastrique a une composant motrice volontaire majeure : c’est en effet le nerf des cordes vocales, donc de la phonation ; il partage la motricité du pharynx (déglutition) et sa sensorialité avec le IX ; sur le plan sensitif pur il se limite à une petite partie du pavillon de l’oreille et du conduit auditif externe ; par contre son action neurovégétative est primordiale ; il est le support essentiel du système parasympathique qui étend son activité tant motrice que sensorielle sur l’appareil respiratoire, le cœur et une très grande partie du tube digestif ; ceci explique le volume important de son noyau neuro-végétatif représenté par le noyau dorsal du vague (ndx) ; il tire son activité motrice volontaire du noyau ambigu (na) et son activité sensitive du noyau solitaire (ns). Il sort du bulbe au dessous du IX.

Le XI nerf spinal uniquement moteur nait de plusieurs noyaux ; un noyau bulbaire situé à la base du bulbe et de noyaux médullaires (moelle épinière) sous-jacents ; il innerve des muscles importants de la face latérale du cou et d’une partie du dos.

Le XII nerf hypoglosse est essentiellement le nerf des muscles moteurs de la langue ; il nait d’un noyau situé en dedans du noyau dorsal du vague et sort par plusieurs racines dans le sillon situé en arrière des pyramides bulbaires (pb).

Éditorialiste
Dr François PERNOT

Médecin Chirurgie Générale retraité

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