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De la rééducation à la réinsertion

À la fin des soins d’urgence le patient cérébrolésé entre dans une nouvelle période qui va le conduire progressivement hors des institutions médicales ; cette période sera en principe d’autant plus longue que la cérébrolésion a été grave ; mais elle sera aussi variable selon la pathologie en cause ; en effet, par exemple le délai entre la sortie de l’urgence et la consolidation est plus court pour un AVC ou une anoxie cérébrale (quelques mois) que pour un traumatisme crânien sévère (pas avant 3 ans pour un adulte et pas avant l’âge de 18 ans pour un enfant).

Cette période va s’étaler sur trois phases : la rééducation, la réadaptation et la réinsertion dont il faut bien comprendre les différences :

  • la rééducation consiste a essayer de minimiser au maximum les séquelles tant physiques que neuropsychologiques par une action essentiellement médicale (médecins rééducateurs, kinésithérapeutes , orthophonistes, neuropsychologues etc…),
  • la réadaptation se donne pour but d’adapter les séquelles incompressibles au milieu extérieur et vice-versa pour que ce dernier soit source du minimum de difficultés environnementales possibles (handicap minimal compte -tenu des séquelles). On signale ici le rôle très important des ergothérapeutes qui vont prévoir au mieux les aménagements ultérieurs nécessaires pour faciliter l’adaptation du blessé à son logement, à ses déplacements, à ses déficits de mémoire etc,
  • la réinsertion cherche à réintroduire la personne cérébrolésée dans le milieu le plus adapté à son état en tenant compte de ses désirs mais aussi de ses possibilités (projet de vie) ; pour les personnes antérieurement en activité professionnelle ce sera par exemple le retour au travail antérieur plus ou moins aménagé ; ou un changement d’activité ; ou pour ceux qui ne pourront pas reprendre de travail un réentrainement à la vie sociale ; c’est à ce moment là que les UEROS (unité d’entrainement à la reprise d’activité sociale ou professionnelle) prennent toute leur importance.

On comprend donc bien la logique de ce processus pendant lequel aucune phase ne peut passer avant l’autre ; mais il est bien évident que ces trois étapes ne sont pas étanches : il ne faut pas attendre que la rééducation soit terminée pour commencer à réadapter ! Par ailleurs autant le pronostic vital est difficile à fixer au départ, autant le pronostic fonctionnel l’est aussi par la suite : des déficiences qui paraissaient définitives peuvent s’améliorer à un moment inattendu modifiant l’orientation prise initialement ; sans compter avec l’état d’esprit du patient qui joue un grand rôle dans les résultats de la rééducation ; mais cet état d’esprit peut lui-même se modifier à tout moment : évaluation plus pertinente de ses déficiences notamment qui peut le conduire aussi bien à une démobilisation qu’à un sursaut de motivation, attitudes d’esprit qui auront bien entendu un impact sur le résultat final. Ces considérations générales ne doivent surtout pas faire porter des avis trop sévères devant des résistances durables : il est toujours bien difficile de savoir de quoi elles procèdent et en particulier il faut toujours se souvenir de l’extrême fatigabilité qu’entraîne toute cérébrolésion et même très à distance de l’accident ; on sait aussi que la réparation cérébrale est conditionnée par certains gènes de prédestination et que de ce point de vue tout le monde n’est pas à égalité.

C’est pourquoi le projet de vie qui est un élément fondamental pour l’orientation de cette période doit pouvoir s’adapter à tout moment aux imprévus qui ne manqueront pas de se produire.

Les trois sous-chapitres suivants nous permettront d’entrer dans davantage de détails ; mais il ne faut pas perdre de vue que ces trois phases s’interpénètrent les unes les autres pour le meilleur résultat possible. Leurs descriptions sont essentiellement tirées de l’expérience du Docteur Edwige Richer (vice-présidente de notre association) qui fut une des pionnières de la rééducation des traumatisés crâniens en Aquitaine et Chef de Service de Château-Rauzé jusqu’en 2016.

Éditorialiste
Dr François PERNOT

Médecin Chirurgie Générale retraité

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