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Les agnosies – A -Introduction

Les agnosies sont un sujet important de la neuropsychologie ; elles se présentent sous de multiples aspect comme nous allons le voir ; le terme a été forgé (comme beaucoup de mots médicaux !) à partir des deux racines grecques suivantes : a (privatif) et gnosis (action de connaitre ou de reconnaitre) : c’est dans ce deuxième sens que le terme d’agnosie doit être compris : il s’agit d’une impossibilité ou d’une difficulté à reconnaitre une chose (prise au sens très large comme on va le voir) déjà parfaitement connue du sujet : par exemple si je ne reconnais pas mon chien avec qui je vis tous les jours et que je n’ai ni trouble de mémoire ni trouble visuel c’est que je suis atteint d’agnosie pour mon chien.

Le point « absence de trouble de mémoire » doit cependant être nuancé ; en effet si je ne reconnais pas mon chien c’est que quelque chose entre ma vision qui est normale et la récupération de l’image de mon chien qui est forcément inscrite dans ma mémoire des choses apprises (dite aussi sémantique) a empêché le processus de reconnaissance de se produire ; nous verrons qu’il peut être entravé par l’atteinte d’aires sémantiques et donc être confondu quelquefois avec des troubles de la mémoire du même nom (voir page sur les mémoires). Cet exemple permet de souligner au passage les difficultés du diagnostic neuropsychologique en général car il est courant que des lésions cérébrales même uniques touchent plusieurs fonctions en même temps, lesquelles peuvent retentir les unes sur les autres. La différence entre amnésie (perte de mémoire) et agnosie peut cependant être mise en évidence par le fait que l’interrogatoire de l’agnostique montre qu’il se rappelle qu’il a un chien, éventuellement qu’il le reconnait quand il le touche (s’il n’a pas d’agnosie tactile associée) mais qu’il ne le reconnait pas quand il le regarde (agnosie visuelle) ; l’amnésique ne reconnait pas son chien car il a oublié que c’est son chien. Cet exemple est caricatural et la différence agnosie -amnésie facile à démêler ici mais ce n’est pas toujours le cas.

Il existe plusieurs classements possibles des agnosies mais celle qui parait la plus logique commence par la reconnaissance de son propre corps, puis par celle des sujets (animés ou non) qui nous entourent de façon proche et qui peut utiliser 3 médias : la vue l’ouïe et le toucher ; on pourrait y ajouter l’odorat et le goût (pris au sens neuropsychologique et non physiologique) mais cela rentrerait trop dans l’hyperspécialisation qui n’est pas le but de ces pages. Les problèmes liés à l’exploration et à l’attention de l’espace très liés à la vue suivent logiquement ceux des agnosies visuelles.

Nous pensons utile aussi de donner dès à présent la définition de certains noms spécialisés donnés à ces différentes agnosies ; ils sont pour la plupart tirés de racines grecques et leur complexité peut effrayer si on ne donne pas quelques explications de la façon dont ils ont été construits ; mais ils doivent être compris si on veut tirer quelque chose d’un compte-rendu de neuropsychologie par exemple :

La somatognosie signifie la reconnaissance de son propre corps (de somatos (corps) gnosis (reconnaissance).

L’asomatognosie est sa non reconnaissance (a privatif) ; d’autres mots en sont dérivés ; encore plus compliqués ils sont moins communément utilisés.

L’hémiasomatognosie est la non reconnaissance de la moitié du corps (hémi = moitié).

L’autotopoagnosie est l’incapacité à désigner les différentes parties de son corps (auto = soi-même ; topos = localisation) : le somatos a disparu ; pour cause de longueur de mot sans doute ! mais il doit rester sous-entendu.

L’ hétérotopoagnosie est l’incapacité de faire la désignation des différentes parties du corps d’une autre parsonne (hétéros = autre) ; la réflexion sur le mot précédent s’applique bien entendu aussi à celui-ci.

L’anosognosie très souvent associée à l’asomatognosie signifie que le patient nie l’existence de ses troubles ; non qu’il cherche à les cacher mais qu’il pense ne pas en avoir, qu’il n’en a pas conscience (nosos = maladie).

L’anosodiaphorie est l’indifférence à l’égard de ses troubles (nosos = maladie ; adiaphoros = indifférence).

Pour les agnosies visuelles les mots utilisés suivent en général la dénomination de l’objet de l’agnosie : agnosie des objets, des couleurs ; deux termes compliqués sont cependant à préciser :

La prosopagnosie signifie l’impossibilité de reconnaitre des visages connus (prosopis = visage).

L’autoprosopagnosie est l’impossibilité de reconnaitre son propre visage dans une glace.

La simultagnosie est l’impossibilité de voir un objet ou une image en un ensemble cohérent ; le sujet en repère bien par contre les détails : le mot fait donc référence à l’impossibilité d’appréhender simultanément tous les détails pour en voir l’ensemble sous un aspect unique et compréhensible.

Pour les agnosies auditives retenons le terme d’amusie pour désigner les différentes difficultés neuropsychologiques de la perception musicale.

Les agnosies tactiles sont en général regroupées sous te terme d’astéréognosie (stéréos : ce qui est solide, de forme variable)

Le terme de négligence spatiale est utilisée très fréquemment dans les difficultés d’exploration de l’espace extracorporel ; il est facile à comprendre et particulièrement adapté aux troubles correspondants.

D’autres termes peuvent encore se rencontrer mais ils sont plus rares et employés surtout par les hyper-spécialistes.

Le plan présenté dans les articles suivants est le suivant :

1 – Les agnosies du corps
2 – Les agnosies visuelles
3 – Les agnosies spatiales et l’héminégligence
4 – Les agnosies tactiles
5 – Les agnosies auditives

Éditorialiste
Dr François PERNOT

Médecin Chirurgie Générale retraité

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